Honestly, la tape dans le dos, c’est passé crème !
Niousletteure #3 - Codes culturels et langage indirect chez les Brits
Bienvenue ami.e lecteurice dans ma niousletteure « 🌍 Exporter, même pas peur ! »
Temps de lecture : 5 minutes, 24 secondes, 33 dixièmes
La visite du roi Charles III en France a donné lieu à de nombreux commentaires sur le côté tactile de notre Président à l’endroit de son hôte royal.
C’est ce que j’ai expliqué dans un post cette semaine qui a fait pas mal réagir.
Pour ceux qui n’auraient pas suivi, je redonne le contexte : lors de la visite du couple royal britannique en France, Emmanuel Macron n’a cessé de toucher le bras, l’épaule, le dos du roi. Et Brigitte a même claqué la bise à la Reine. Shocking !
Il se trouve que le protocole britannique interdit de toucher le roi sauf si c’est lui qui prend l’initiative.
Je ne reviendrai pas sur les codes protocolaires diplomatiques que je détaille dans mon post.
C’est surtout un commentaire qui m’a interpellée. Il disait en gros « ils avaient l’air de bien s’entendre, ça ne semblait pas le gêner (en parlant du roi) ».
Terrible erreur d’interprétation. Je suis au contraire convaincue que Charles III n’a pas du tout apprécié ces gestes « amicaux » imposés par Emmanuel Macron.
Qu’est-ce qui me fait dire ça ?
L’éducation anglaise
Dans les pays anglo-saxons, on ne se touche pas. Ou peu. En tout cas, pas comme les français.
On se fait pas la bise. On se balance pas de grandes tapes dans le dos. On garde ses distances.
Quand les français disent « coincés », les anglais répondent « respect, intimité ».
L’éducation d’un roi
On peut aisément deviner l’éducation du jeune Charles, régie par l’étiquette due à son rang. Quand on pense que sa royale mum le prenait rarement dans ses bras, on imagine l’entourage.
Les caméras ont capté leurs retrouvailles après 6 mois d’absence en tournée dans le Commonwealth. Dans le genre maternel, on fait mieux.
Alors on comprend bien que les familiarités, c’est pas son truc à Charles.
Quant à la presse britannique, elle s’étrangle !
Le Roi Charles « déteste absolument être touché » et Macron suscite la fureur : « bas les pattes ! »
Alors non, ce n’est pas parce que le Roi est resté poli et souriant qu’il consent à ces familiarités.
Et au-delà des considérations diplomatiques, n’est-il pas plus important d’être respectueux des sensibilités culturelles de ses invités ?
Si proches… et si différents
Quand on voyage dans un pays africain ou asiatique, on s’attend à de fortes différences culturelles.
Quand il s’agit de nos cousins britanniques ou d’Amérique, on se dit qu’on partage les mêmes codes, les mêmes valeurs, la (presque) même religion, une histoire commune. Du coup, on se relâche, persuadés qu’on se comprend très bien.
Rien n’est plus faux. Pour éviter les impairs (et pas qu’avec la royauté), il faut avoir quelques clefs de compréhension.
La lecture des émotions
Les anglo-saxons cachent leurs émotions. On ne se plaint pas quand ça ne va pas. Et on ne crie pas de joie quand on est heureux (sauf au foot avec 3 grammes).
Bon là, John Cleese a tapé un peu fort (ceux qui ont la réf du film, je vous attends en commentaire ! 🎬)
S’ils restent courtois et aimables même avec de parfaits inconnus, leur sourire peut cacher une détresse psychologique importante.
Me revient en mémoire une situation avec une collègue de notre filiale aux USA.
Je venais d’arriver, on discute, je lui demande comment ça va. Avec un grand sourire, elle me dit que tout va bien. Re-sourire. Je sens bien qu’elle essaie de me convaincre, mais ça manque de sincérité. Je pousse un peu la discussion et tout d’un coup, elle perd sa contenance et m’avoue qu’en fait, rien ne va, que c’est la pagaille, et elle se met à pleurer.
Si j’en étais restée à ce qu’elle voulait bien me montrer, je rentrais en France en rassurant tout le monde. Tandis que la filiale coulait (ce qui a fini par arriver au demeurant).
Langage direct Vs indirect
Chaque langue utilise du discours indirect. Par exemple, quand on dit « vous trouvez pas qu’il fait frais ? », on fait comprendre qu’on aimerait bien fermer la fenêtre.
Chez les britanniques, l’usage de l’indirect est non seulement fréquent, mais assez contradictoire dans les termes.
Le natif décodera facilement le message implicite caché.
En revanche, pour des non-natifs qui passent par la traduction littérale, le véritable sens peut se révéler tout autre.
En Business English, on va trouver des situations comme :
“I am happy to send him an email” : ça ne veut pas dire que la personne est ravie d’envoyer un mail. Juste qu’elle peut le faire, et plutôt par obligation.
Un email qui se termine simplement par « Thanks » ne veut pas dire que la personne vous remercie. Au contraire, elle est plutôt mécontente et vous avez intérêt à rectifier le tir.
Le tableau ci-dessous a pas mal circulé sur le sujet (et bien fait rire aussi, pas à l’avantage des britanniques).
1ère colonne : ce que les britanniques disent
2ème : ce que les britanniques veulent vraiment dire
3ème : ce que les autres (les non-britanniques) comprennent
Je vous laisse apprécier…
Une dernière mention spéciale : si un anglais commence sa phrase par « honestly » (honnêtement, franchement), attendez-vous au pire 😉
Comment éviter les impairs ?
Comme je le disais précédemment, la courtoisie est de mise. Partout, en toute circonstance, qu’on se connaisse ou non.
Ma fille a passé 3 semaines à Londres cet été. Quand elle est revenue, je lui ai demandé de me dire la différence qui l’avait le plus marquée entre chez nous et l’Angleterre.
Sans hésiter, elle m’a répondu « leur politesse » !
Employés de magasins, chauffeurs de bus, serveurs… Partout on vous gratifie d’un grand « hello » comme si vous vous connaissiez. Même s’ils n’en pensent pas moins, il ne leur viendrait pas à l’idée de « pas vous calculer ».
En business English, c’est pareil.
Certaines formules sont incontournables pour ne pas passer pour un rustre.
❌ Par exemple, on ne dit pas : « I want » mais « I would like ».
❌ En question, on évite « Do you want » mais « Would you like ».
❌ Quand on n’a pas compris quelque chose et qu’on veut faire répéter, on évite absolument le « what ? », c’est grossier. N’ayez pas peur d’abuser du « sorry ».
👉 A l’écrit, les mails commencent toujours par « Dear », même si chez nous le « Cher » est passé aux oubliettes.
👉 En formule de politesse, le traditionnel « regards » (salutations) va s’agrémenter d’adjectifs plus ou moins appuyés selon ce qu’on veut exprimer :
« Regards » tout seul : c’est très sec, vous êtes fâché
« Best regards » : l’équivalent de « cordialement »
« Kind regards » : c’est plus aimable (très cordialement)
« Kindest regards » : on y met une intention particulière et personnelle
👉 Un moyen de vous assurer que vous avez bien compris, c’est de reformuler. Et ne pas hésiter à reposer d’autres questions pour ne pas rester dans le flou.
👉 On évite les trop grandes familiarités - pas comme notre Manu national (moi aussi du coup, je me permets). On garde ses distances, sauf si votre interlocuteur est d’accord.
Quand j’allais en Angleterre, je ne faisais pas la bise à mes clients que pourtant je connaissais très bien. En revanche, quand eux venaient sur le sol français, ils mettaient un point d’honneur à faire la bise comme chez nous ! Et à bien profiter de notre vin (mais ça c’est une autre histoire 😉).
Dans la précédente niousletteure, j’ai dit qu’un.e commercial.e était un caméléon.
Si vous avez le moindre doute sur la façon de vous comporter, ouvrez grand vos yeux, observez, écoutez et calquez-vous sur les locaux.
Vous limiterez le risque de passer pour un malotru… même si leur grand sourire vous laisse penser le contraire.
Si vous avez aimé cette 3ème édition, un p’tit cœur me fera très plaisir. N’hésitez pas à me laisser un commentaire, qu’il soit dans cette niouseletteure, ou par message privé sur LinkedIn par exemple.
Vos retours seront très précieux pour continuer à construire. Commentaires, critiques, suggestions de sujets, je prends tout ! Lâchez-vous !
Sur ce, c’est moi qui vous lâche et je vous dis à très vite pour la niousletteure #4 ❤️
Sylvène
J'adore, surtout le petit tableau... que pour moi est évident, mais je vois comment ça peut être mal interpréter !
J’ai vécu et travaillé près de sept ans au YouKay et ta description est un fidèle miroir de mon vécu!
J’y vivais depuis 2 ans quand j’ai découvert le tableau que tu partages et ça a été une mini révolution dans ma tête: ahhhhhh je comprends 😂 surtout que mon British de chef avait approuvé et appliquait scrupuleusement ce tableau à sa communication!