Mon premier séminaire avec des experts du commerce international
#11 – Ce que j’ai retenu de l’Université d’hiver de l’OSCI 2024
Hello à toutes et tous !
La communauté de la niousletteure ne cesse de grandir (340 abonné·es), signe que les français·es ne sont pas si allergiques que ça au commerce international 😉
Pour celleux qui nous ont rejoint récemment, je rappelle les objectifs de cette niousletteure :
1. Rendre le commerce international accessible à tous
2. Susciter des vocations
3. Inciter les entreprises qui ne vendent rien à l’export à se lancer
4. Fournir des outils à celles et ceux qui exportent déjà pour s’améliorer
Vous voulez accéder aux précédentes éditions ? c’est par ici.
Vous aurez peut-être remarqué un changement de jour de publication 🤔
Jusque-là, je publiais un vendredi sur deux, le matin à 8h. Or, je ne suis pas certaine que cette tranche soit la meilleure : entre le départ au boulot, peut-être les enfants à gérer, avez-vous vraiment le temps de déguster cette lecture tranquillement ?
Alors je me suis dit que j’allais tester le dimanche. Mais je n’ai aucune certitude. Je serais vraiment curieuse d’avoir votre avis sur la question ! Dites-moi quel est le meilleur créneau selon vous, pour prendre ce temps et apprécier la lecture de « 🌍 Exporter, même pas peur ! »
Je tiendrai compte de vos avis pour adapter le jour et l’heure de publication. Merci pour votre contribution !
Allez, on attaque le sujet de cette édition #11 :
Mon premier séminaire (pardon, Université d’hiver) avec d’autres experts du commerce international.
J’ai expliqué dans ce post Linkedin comment j’avais été contactée par les OSCI.
Les OSCI (Opérateurs Spécialisés du Commerce International), c’est une fédération qui rassemble des experts privés du conseil à l’international.
Ça va de l’entrepreneur individuel (moi typiquement), jusqu’à de grands groupes comme Altios (750 collaborateurs, 37 implantations dans le monde).
Ils se retrouvent deux fois par an, en Université d'hiver et en Université d’été (cette année, ce sera du 3 au 5 juillet à Aix-en-Provence).
Leurs objectifs ?
Se rassembler entre experts et échanger des bonnes pratiques
Partager des informations marchés / pays
Réfléchir aux problématiques qui impactent leurs métiers et missions
C’était donc ma toute première participation. Et je dois dire que je n’ai pas été déçue.
Il y a eu tellement de richesse partagée sur ces deux jours que je me suis dit que ce serait dommage de les garder pour moi. J’ai donc décidé de vous restituer ce que j’en ai retiré.
Cette restitution est forcément subjective et loin d’être exhaustive par rapport à tout ce qui a été dit. Mais c’est ma grille de lecture à moi 😉
Révolution digitale et IA
Le thème central était « Révolution digitale et IA : nouveaux enjeux et outils au service du développement à l’international ».
C’est ce fil rouge qui a guidé les ateliers et les interventions. Trois perspectives étaient proposées :
1 – Les outils digitaux au service de nos métiers
2 – L’IA générative comme facilitateur de business
3 – La vente digitale BtoB : le modèle Alibaba.com
En dehors de cette thématique, deux autres temps forts ont rythmé l’Université :
L’intervention de certains membres basés à l’étranger sur les dernières tendances de leur zone
Des séances de « speed dating » en petits groupes, pour que chacun puisse se présenter individuellement. Le panel d’expertises est assez impressionnant : avocats internationaux, Export managers externalisés, responsables opérationnel/logisticiens, spécialistes par secteur, par pays, accompagnement des primo-exportateurs jusqu’à l’ouverture de filiales… il y en a vraiment pour tous les goûts et tous les besoins avec les OSCI !
Restitution d’un des ateliers
1 – Les outils digitaux au service de nos métiers
Il s’agissait de faire le point sur les outils digitaux utilisés par les membres des OSCI. Sachant que les besoins sont différents entre un solopreneur et une structure avec équipes.
On a pu retrouver les outils assez classiques de la gestion d’entreprise : CRM, tracker de temps, planificateurs d’agenda, outils de gestion de projets.
De nombreux leaders sont ressortis de cette enquête (sans oublier l’éternel Excel 😉)
CRM : l’offre est très variée et elle s’est retrouvée dans les noms mentionnés. Le top 4 : Sellsy, Zoho, Brevo, Hubspot.
Tracker de temps : Toggl track et Clockify ont été mentionnés. Ces outils permettent de quantifier le temps passé sur chaque tâche.
Gestion de projets : Asana, Trello ou Monday.
Slack pour faciliter les fils de conversation au sein d’une équipe.
En gestion de frais, Lucca a été plebiscité, ainsi que Zoho et Expensify.
Pour la gestion de la facturation, Tiime a souvent été cité.
Tatiana Miron à fond sur l’atelier outils digitaux !
Malgré tous ces outils disponibles, les participants ont aussi exprimé un sentiment de '“trop” ! Plus il y a d’outils, plus on se sent perdu face à toutes ces options.
Les outils digitaux offrent des services censés nous faciliter la vie, nous faire gagner du temps. Mais déjà, se former et se les approprier prend du temps.
A peine mis en service, on se demande si on a fait le bon choix devant la foultitude de nouvelles fonctionnalités proposées par d’autres applis qui arrivent sur le marché.
Bref, pas évident de se sentir en phase avec la digitalisation.
Parmi ces outils, nombreux sont ceux qui ont déjà intégré des fonctionnalités utilisant l’Intelligence Artificielle.
Mais il manque tous ceux purement basés sur l’IA générative. C’était la suite de notre programme avec l’intervention de Mister IA…
2 – L’IA générative comme facilitateur de business
2023 a été l’avènement de l’Intelligence Artificielle accessible au grand public.
Qui n’a jamais entendu parler de ChatGPT ? Avec 1 million d'utilisateurs en cinq jours, 100 millions en deux mois, ChatGPT a connu la plus grande vitesse d'adoption de l'histoire technologique !
Martin Pavanello, alias Mister IA est venu expliquer comment l’IA générative peut être un facilitateur de business.
Et d’abord, c’est quoi l’IA générative ?
C’est celle qui permet de créer de nouveaux contenus, comme du texte, des images, de la musique, de l'audio et des vidéos.
Pour commencer, ChatGPT n’est pas Google. Ce n’est pas un moteur de recherche. En revanche, il peut aider à rédiger :
Des e-mails commerciaux
Des contrats
Des argumentaires produits
Des comptes-rendus de réunion
ChatGPT est l’IA la plus connue, mais il existe nombre d’applis pour d’autres utilisations spécifiques :
Traductions : DeepL est vraiment bluffant d’après mon expérience
Comptes-rendus de visite grâce à l’enregistreur vocal de l’application ChatGPT : vous dictez votre mémo et l’IA vous créé un CR rapide que vous pouvez envoyer dans l’heure qui suit votre rendez-vous. Rapide et efficace !
Comptes-rendus de réunions en visio : Noota (et en plus, c’est français). L’application écoute votre réunion et vous restitue un CR.
Aide aux études de marché : Perplexity et Consensus combinent un moteur de recherche et un agent conversationnel, permettant aux utilisateurs d'obtenir des réponses sourcées et actualisées à des questions posées en langage naturel.
(ChatGPT ne cite pas ses sources, voire invente des informations, donc à prendre avec précaution).
Petit test avec Perplexity
Des usages qui valent la peine d’être explorés. L’objectif est d’économiser le temps passé à des tâches sans trop de valeur (rédiger un compte rendu de réunion typiquement) pour le reporter sur d’autres tâches à plus forte valeur ajoutée (relancer ses leads par exemple).
3 – La vente digitale BtoB : le modèle Alibaba.com
Alibaba est un des leaders mondiaux du commerce en ligne. Leurs offres de service sont très segmentées entre BtoC, BtoB, ventes en Asie et en dehors de l’Asie.
Michelle Lau, Directrice générale de Alibaba.com en France est venue présenter leur activité dédiée aux ventes en BtoB.
Le volume de transactions BtoB sur internet est 5 fois plus important que les transactions en BtoC !
Mais la France est à la traîne+ : 42% des entreprises françaises exportent via une place de marché, contre 61% des entreprises européennes.
Les acheteurs d’Alibaba.com sont dans les zones suivantes (par ordre décroissant) :
USA / Canada / Mexique
Europe
Moyen-Orient
Asie
La Chine ne fait donc pas partie du top des pays acheteurs.
Avec 47 millions d’acheteurs, 200 000 vendeurs venants de 40 secteurs, chaque industrie peut y voir un intérêt.
Comment ça fonctionne ?
La plateforme se rémunère via un abonnement annuel dont le coût moyen est entre 3000 et 6000$ par an.
Alibaba.com ne gère pas les transactions. Ils ne font que la mise en relation. Le reste (contact, vente, paiement) se fait à l’extérieur de la plateforme. Aucune commission n’est dûe.
La plateforme fournit une e-boutique standard mais personnalisable. Les fournisseurs peuvent y télécharger leurs photos, leurs vidéos et l’animer.
Alibaba. Com et Business France
Grâce à un partenariat avec Business France, les entreprises des secteurs alimentation/boissons et beauté/bien-être peuvent rejoindre un pavillon virtuel France, dont une partie du coût est pris en charge.
Ces plateformes de mise en relation sont à envisager comme un canal de vente complémentaire aux approches traditionnelles via distributeur.
4 – Interventions des experts pays
Nous avons eu la chance d’accéder aux tendances actuelles d’un certain nombre de pays représentés par des experts qui y habitent.
Ukraine, déjà la reconstruction
2023 a marqué un début de reprise notamment via la Roumanie. Des fonds publics pour la reconstruction sont débloqués et des entreprises internationales commencent à se positionner (USA, Allemagne, UK entre autres mais la France est en retard). Des sociétés privées investissent dans des usines dans l’ouest du pays.
Roumanie, bienvenue dans l’espace Schengen
La Roumanie et la Bulgarie rejoignent l’espace Schengen le 31 mars. Les ports roumains de la mer noire deviennent des points d’entrée cruciaux en Europe.
Constanta en Roumanie a consolidé son classement de port n°1 de la Mer Noire avec les difficultés rencontrées par le port d’Odessa
Les opportunités de la Roumanie : la tech, l’agriculture (de nombreux terrains sont à exploiter), l’automobile. D’importants travaux d’infrastructures aidées par l’Europe sont en cours grâce à un effet de rattrapage.
Chine, entre croissance et ralentissement
Malgré le ralentissement économique dû à l’effondrement du marché immobilier, la croissance reste à 5.4%. Suite à la crise du Covid et à l’enfermement généralisé de la population, 80% des étrangers ont quitté Shanghai. Les cadres internationaux ne veulent plus y retourner. Seuls les plus jeunes acceptent d’y aller.
Actuellement la valorisation des sociétés chinoises est assez basse, ce qui peut constituer de bonnes opportunités pour investir.
Portugal, le bon élève sous-estimé
Avec une croissance de 2.8% en 2023, un déficit bas et une absence de grève, le Portugal est un des meilleurs élèves de l’UE. Le pays se partage entre innovation (aéronautique, énergies renouvelables – n°1 dans l’éolien) et tradition (céramique, textile, chaussures).
Le Portugal n’a que 10 millions d’habitants mais elle est la passerelle idéale pour les autres pays lusophones : plus de 270 millions d’habitants répartis entre Brésil, Angola, Mozambique, Guinée-Bissau ou Cap-Vert.
💡 Mention spéciale à la minute cultuelle de Sophie Lança : l’origine du mot TEA en anglais !
Le thé, aujourd’hui si associé aux britanniques, leur a été introduit par le Portugal. Et plus précisément par la princesse Catarina de Bragança, fille du roi portugais João IV, promise au roi anglais Charles II en 1662.
Le thé était déjà populaire depuis les années 1500 auprès de l’aristocratie portugaise, grâce à la route commerciale vers la Chine à travers leur colonie à Macao.
Sur les caisses de thés en vrac de la princesse était écrit « Transporte de Ervas Aromaticas » (Transport d’herbes aromatiques), qui a été abrégé en TEA.
USA, une année d’enjeux électoral
La situation économique est favorable, le chômage est au plus bas (même trop bas, par exemple, la main d’œuvre manque en Floride). Malgré des taux immobiliers à 8% et des prêts aux entreprises à 11%, le pays est résilient, il n’y a pas de récession. Les opportunités business sont variées : food, tech, luxe sont des créneaux toujours porteurs.
La bonne nouvelle de fin 2023 : le visa E2 vient d’être prolongé. Ce visa Investisseur permet de vivre aux États-Unis avec son conjoint et ses enfants pour y créer ou racheter une entreprise. Suite à un désaccord Trump/Macron, ce visa de 60 mois était passé à 25 pour les français ☹. Depuis novembre, il est remonté à 48 mois, ce qui laisse 4 ans pour faire fructifier son affaire.
Royaume-Uni
Dans la série conséquence du Brexit, cette année c’est le retour des certificats sanitaires et phytosanitaires exigibles à partir de mars. Pas glop.
Je suis ravie d’avoir partagé ces insights avec vous. J’espère qu’ils vous auront donné quelques pistes de réflexion.
Si vous avez envie que j’aborde des thèmes précis dans mes prochaines niousletteures, dites-le moi, soit dans les commentaires, soit en message privé sur LinkedIn.
N’oubliez pas le petit cœur si cette niousletteure vous a plu. Et n’oubliez pas de répondre à mon petit sondage 😋
A très vite ❤️
Sylvène
Bravo Sylvène pour cet excellent compte-rendu de l’UH 2024 de l’OSCI (tout y est, clair concis précis !). Je te rejoins sur le fait que cette première édition rentrera dans nos annales.